Les témoignages écrits

Témoignage de Marie- Anne Verbeurgt, personne aidante auprès de sa maman

Marie Anne Marie Anne  

Quelle solution as- tu trouvé pour garder ta maman malade dans sa maison?

Il y a presque trois ans maintenant, ma maman a perdu considérablement son autonomie. Afin qu’elle puisse rester chez elle, mon époux, nos deux enfants et moi-même avons peu à peu modifié notre rythme de vie pour pouvoir s’adapter à ses besoins. Nous travaillons tous les deux. Mon mari a la possibilité de faire du télétravail, le matin, pour être présent au domicile de ma maman et aussi me permettre d’assurer un mi-temps. L’après-midi, nous échangeons notre rôle d’aidant. Nous avons la chance d’avoir la venue deux fois par semaine de deux charmantes dames de la pastorale de la santé. Par leur présence, leur écoute et leur bienveillance, elles illuminent la vie de ma maman. C’est comme une bouffée d’oxygène allégeant la souffrance physique et morale de ma maman. C’est une pause bénie de Dieu qui met du baume au cœur et fait pétiller de joie les yeux de ma chère maman. Et nous fait du bien, à nous aussi, les aidants car à trop vouloir bien faire nous tombons souvent dans le savoir faire et oublions de prendre une pause pour apprécier le temps présent et savourer l’essentiel, l’amour que nous nous portons mutuellement.

Pourrais- tu analyser pour nous les fruits de cette situation et nous partager ta façon de la vivre

Je me sens bien petite pour exprimer les fruits qui découlent de mon rôle d’aidante et de partager ma façon de la vivre.

La vie d’un aidant est un chemin difficile, jalonné de fatigues, d’inquiétudes pour la personne souffrante, de soucis de bien faire afin d’essayer d’ajuster du mieux que l’on peut les besoins du moment. Cela demande beaucoup de renoncements.

Mais c’est aussi et surtout un véritable chemin de conversion du cœur lorsque nous nous accrochons à l’Amour inconditionnel de Dieu pour nous. Pour moi, aider un proche dans ses fragilités c’est l’aider à porter sa croix, mais pas seule, d’abord et avant tout sous le regard du Christ. C’est se laisser enseigner par le Christ à travers les relations entre la personne qui souffre et l’aidant. Et croyez-moi cela change tout. Notre cœur se dilate pour apprendre à aimer en vérité. Face à la souffrance, notre réflexe est de se forger une carapace pour se sentir fort face aux aléas… mais je prends conscience, de plus en plus, tel que St Paul le mentionne : « c’est quand on est faible qu’on est fort ». Oui, dans la fragilité humaine et dans la souffrance, il y a une force belle et bien présente : la force de l’AMOUR qui triomphe et transcende tout et qui peut aboutir à une joie parfaite, si chère à St François d’Assise, c’est-à-dire une joie réellement possible qui surpasse les difficultés pour nous permettre de voir la présence de Dieu agir pour adoucir les maux de la personne en souffrance.

Comme et avec Marie, au pied la Croix, j’apprends à être humble, à accepter de ne pas tout comprendre, de ne pas pouvoir tout faire par moi-même mais de renouveler au quotidien le OUI à Jésus qui m’appelle à LE laisser faire. C’est ainsi que j’ai pris conscience de la signification « nous sommes le corps de l’Eglise ». J’ai découvert qu’à moi toute seule, il m’est impossible de tout faire, le Seigneur m’a donné des frères et sœurs en Christ pour nous aider mutuellement. Ainsi passer le relais à d’autres pour aider est une occasion de leur permettre aussi de recueillir de magnifiques grâces de Dieu.

Marie Anne


 

Témoignage d'Anne Mine, bénévole de l'équipe d'aumônerie de l'hôpital de Valenciennes

Anne Mine Anne Mine  

Pourquoi faire ce choix ?
L’univers de l’hôpital ne m’est pas étranger, je m’y sens bien. Depuis toute petite, j’avais choisi d’être médecin, les hasards de la vie, mariage, enfants , ont fait que je n’ai pas exercé de façon classique ! Aussi, visiter les malades était une évidence , écouter, accompagner dans un cadre différent, prendre le temps d’une rencontre, est une joie même si la souffrance du patient est au cœur de la  relation. 


Je suis bénévole dans le service de soins palliatifs. J’y vais une fois par semaine, je rencontre l’équipe soignante qui est exceptionnelle et je visite un peu au hasard, je suis très libre sauf si une demande est formulée.
Nous complétons l’équipe soignante qui n’a pas le temps de  se poser au chevet du malade, nous ne sommes pas là pour soigner mais pour prendre soin autrement.Nous ne connaissons pas la pathologie du patient hospitalisé.
J’y suis toujours très bien accueillie , la relation n’est pas toujours facile, patients très fatigués, angoissés, par contre leur famille est soit « récalcitrante » soit au contraire très en demande .  Ce qui est bouleversant c’est souvent la visite «  dans un contexte particulier «  qui devient réelle rencontre.

  
Enfin, nous faisons partie d’une équipe animée par 3 aumôniers et un prêtre, les temps d’échanges  , au sein de groupes de parole, une fois par an,sont indispensables pour exprimer nos interrogations, nos joies,nos doutes, notre propre souffrance face à la mort , l’écoute est toujours respectueuse et bienveillante.
.
Pourquoi dans le cadre de l’aumônerie catholique ?
J’ai d’abord débuté comme bénévole à la bibliothèque de l'hôpital mais la dimension spirituelle me manquait.
Visiter dans le cadre d’un service d’Eglise me correspondait mieux. À chaque visite, c’est une Visitation, le Christ nous accompagne, sans lui , je n’aurai pas eu l’audace de franchir le seuil de certaines chambres!
Parler, au nom de sa foi, engage plus , c’est un témoignage mais c’est surtout accepter de partager la souffrance de l’autre et j’ecoute souvent la relecture de leur vie parfois bien cabossée comme une prière. C’est émouvant !


Mais, bien souvent, la visite peut paraître banale, insignifiante mais Dieu est au cœur de notre quotidien et il nous accompagne.

 
La souffrance des accompagnants est lourde d’incompréhension, des situations sont tellement injustes, ils sont parfois révoltés et comment trouver les mots apaisants… le silence s’impose,  nous sommes démunis mais persuadés que Dieu est au cœur de leur souffrance, il les porte dans ces moments  de doute et de détresse.Ils sont au coeur de nos intentions de prières.
Chaque situation est différente, chaque rencontre est humilité, abandon et  en fin de vie, la volonté de vivre est encore présente.


Visiter nous conduit sur un chemin d’Humanité et d’Esperance!

Anne


 

Article publié par doyenné • Publié le Mardi 30 janvier 2024 • 830 visites

keyboard_arrow_up